Avec l’essor fulgurant des outils qui génèrent du contenu grâce à l’intelligence artificielle, il est devenu tout aussi important de savoir les détecter… Selon certaines études, près de 30 % du contenu en ligne pourrait être généré par des IA d’ici quelques années. C’est fou, non ? Mais comment savoir si un texte a été écrit par une machine ou un humain ? Voilà la question que beaucoup se posent aujourd’hui. Prenons un instant pour réfléchir : avez-vous déjà lu un texte et senti qu’il manquait quelque chose… comme une émotion humaine ? Ou peut-être vous êtes-vous demandé si ce superbe essai universitaire était vraiment rédigé par votre camarade ?
Il existe plusieurs détecteurs d’IA sur le marché. Certains sont rapides mais pas toujours précis, tandis que d’autres offrent des fonctionnalités avancées qui vont au-delà de la simple détection de l’IA (comme la vérification du plagiat). Je vais vous présenter six outils populaires parmi ces détecteurs : WAIZZ, Copyleaks, Quillbot, Winston AI, GPTZero et Originality.
Methodologie des tests
J’ai réalisé une évaluation des détecteurs d’IA en français. Pour cela, j’ai mené une série de tests comparatifs… J’ai sélectionné six outils réputés capable de détecter le contenu IA en Français : Copyleaks, Winston AI, GPTZero, WAIZZ, Quillbot et Originality AI (chacun ayant une position intéressante sur le marché). Ensuite, j’ai créé un échantillon de vingt textes : dix générés par des modèles d’IA ( ChatGPT , GPT-4o, OpenAI o1 , Gemini Ultra et Claude 3,5 Sonnet) , et dix écrits manuellement.
Chaque texte a été soumis individuellement aux détecteurs. Les résultats ont révélé les scores d’humanité et la classification finale (« humain » ou « IA »). J’ai calculé les taux de détection correcte ainsi que les faux positifs (textes humains classés à tort comme IA) et faux négatifs (textes IA non détectés). L’analyse a aussi intégré la cohérence des scores pour juger la fiabilité globale.
Tous les outils ont été testés dans leur version gratuite lorsqu’elle était disponible. Pour ceux nécessitant un abonnement, j’ai également souscris aux abonnements afin d’évaluer leurs fonctionnalités avancées. Cela m’a permis d’obtenir une vision claire des capacités respectives de chaque détecteur…
Classement des détecteurs IA
WAIZZ AI Detector
C’est la grande surprise de ma série de tests. Le détecteur d’IA de WAIZZ fait un sans faute sur tous les textes en français que je lui ai soumis. La plateforme se targue d’utiliser une méthode algorithmique totalement nouvelle, plus juste, pour déterminer si un texte a été généré par ChatGPT, Gemini et tous les grands modèles LLM, dont bien évidemment, la dernière version d’OpenAI : GPT-4o.
Pari réussi : sur les 10 textes que je lui ai soumis et créés par IA, tous ont été détectés comme tels. Tous les textes rédigés par un humain obtiennent un score d’humanité entre 80 % et 100 %, autrement dit, aucun faux positif. Un niveau de précision étonnant pour un outil totalement gratuit et en accès libre (sans inscription), et qui plus est, offre une grande latitude en termes de nombre de mots à analyser. En effet, vous pouvez scanner jusqu’à 1500 mots en seule fois, et en utilisation est illimitée s’il vous plait !
L’interface de l’outil est simple, vous pouvez ajouter des fichiers Word/PDF/TXT, avec une petite zone d’analyse qui vous donne le nombre de phrases considérées comme humaines, le nombre de phrases considérées comme mix IA/Humain et celles considérées comme générées par une IA.
Par contre, si vous souhaitez une analyse plus approfondie, il faudra passer par la case « inscription » de l’application. Le détecteur d’IA est toujours entièrement gratuit et vous aurez encore plus de détails sur les phrases considérées comme IA avec un surlignage en rouge, en orange pour le mix IA/Humain et vert si la phrase est humaine et quelques autres métriques bien utiles pour comprendre pourquoi votre texte manque d’originalité.
WAIZZ AI Detector est donc incontournable et je peux vous dire qu’à ce jour je l’ai largement intégré dans ma routine de travail.
Url : https://waizz.net/fr/detecteur-ia/
Quillbot AI detector
Passons maintenant à Quillbot AI Detector. Quillbot est surtout réputé pour sa capacité à reformuler les textes tout en assurant que le résultat final paraît naturel. Depuis peu, la plateforme propose un outil de détection de contenu généré par intelligence artificielle, totalement gratuit et disponible en français. À l’instar de Waizz, Quillbot promet une approche différente des détecteurs traditionnels, dans le but de limiter au maximum les faux positifs. Après mes tests, il faut le dire, les résultats sont surprenants de justesse. Un presque sans-faute ! La totalité des textes générés par IA ont été perçus comme tels. Seule petite ombre au tableau : un faux positif avec un score IA de 56% pour un texte que j’ai rédigé moi-même. C’est mieux que la plupart des détecteurs payants…
L’autre inconvénient réside dans son extrême simplicité concernant la détection proprement dite. Il s’agit d’un outil sans fioritures ni analyses détaillées lors du retour des résultats. Ce n’est donc clairement pas celui qu’on choisirait si on cherche des insights poussés sur chaque paragraphe suspect. Cela reste un excellent détecteur, qui fait le job même s’il semble un petit cran en dessous de Waizz.
Url : https://quillbot.com/fr/detecteur-ia
Winston AI
Winston AI se positionne comme un détecteur haut de gamme, axé sur les intégrations multiples et les fonctionnalités complémentaires, comme l’intégration à Google Classroom ou Zapier. L’outil dépasse donc largement la simple fonction de détection de textes écrits par IA, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse ici. Pour la peine, je me suis acquitté d’un abonnement à 18 $ pour 80 000 crédits afin de connaître son verdict sur ma sélection de 20 textes. À savoir que pour ce tarif, la plateforme propose aussi la détection d’images générées par IA, ainsi qu’un vérificateur de plagiat…
Résultat : 20/20 ! Aucun faux positif n’est à noter. Winston a brillamment réussi à distinguer les textes IA des textes humains. C’est mieux que ses concurrents payants Copyleaks et GPTZero, et à égalité avec WAIZZ (qui, lui, est gratuit).
Personnellement, j’ai beaucoup aimé cet outil : c’est précis et très détaillé. Mais si vous n’avez pas besoin d’automatiser votre détection via des intégrations Google Docs/Microsoft Word ou votre navigateur web (extension Chrome) lors de vos rédactions académiques ou professionnelles, je peine à trouver ce qui justifie de payer 18 $ par mois alors qu’en face, on trouve aussi efficace et gratuitement.
Url : https://gowinston.ai/fr/
Copyleaks
Copyleaks, souvent cité comme l’une des meilleures solutions pour identifier rapidement le contenu généré par une IA (et ce dans plusieurs langues). Le site prétend obtenir 99 % de réussite sur des modèles comme GPT-3.5, GPT-4 et Gemini. Sauf que ma série de tests montre que ce n’est pas vraiment le cas pour les textes en français. Sur 10 textes générés par IA, j’ai obtenu un faux négatif, notamment sur un texte avec un ton excentrique. Concernant les textes rédigés par des humains, alors là accrochez-vous ! J’ai obtenu 2 faux positifs sur 10. Hum. C’est loin d’être parfait. Mais je pense comprendre que le détecteur IA de Copyleaks est beaucoup plus précis en anglais que pour les autres langues.
Pour ce qui est du détecteur multilingue gratuit, autrement dit, si vous voulez le détecteur en français, vous devez obligatoirement vous inscrire sur la plateforme et revenir sur la page. Le nombre de mots analysables est conséquent, mais vous êtes limité à 10 par jour. De plus, l’outil ne vous donne pas beaucoup de détails, seulement un « contenu humain » ou « contenu IA ». Ça reste très rudimentaire.
Pour le besoin du test, j’ai aussi payé un abonnement mensuel de 9,99 $ (=100 crédits) pour voir s’il y a une véritable différence. Alors non, le détecteur d’IA n’est pas plus précis, mais l’analyse est un peu plus détaillée. Copyleaks vous indique les phrases (ou plutôt les paragraphes) considérés comme IA grâce à un surlignage violet, et celles qui ne le sont pas restent blanches.
En français, l’outil montre quand même ses limites, même si je suis persuadé qu’il est très performant en anglais.
Url : https://copyleaks.com/ai-content-detector
GPTZero
GPTZero est l’un des premiers détecteurs d’IA sur le marché. Il prend en charge, depuis peu, le français ainsi que l’allemand et l’espagnol. Il me semblait donc opportun de le tester également, d’autant plus qu’il est plébiscité par de nombreux sites importants. Il faut savoir que la version basique, qui est gratuite, ne prend pas en charge le français ; il faut donc nécessairement prendre un abonnement à 15$/mois pour avoir accès au détecteur multilingue.
Sa méthode d’analyse et l’interprétation des résultats sont un peu différentes des autres détecteurs d’IA : chaque phrase est analysée et marquée comme « High AI impact », « Medium AI impact », « Low AI impact » ou « High human impact », « Medium human impact », « Low human impact ». À partir de ces résultats, l’outil délivre un score de probabilité qu’un texte ait été écrit par une IA ou un humain, avec un indice de confiance. Je trouve cela assez complexe, car un texte peut très bien être évalué à 80 % IA avec un indice de confiance faible. Reste que la totalité des textes rédigés par intelligence artificielle ont été identifiés comme tels, ce qui est déjà très bien.
Pour les textes que j’ai rédigés moi-même, c’est un peu plus compliqué. J’ai obtenu deux faux positifs et, pour le reste, GPTZero m’indique bien qu’ils sont rédigés par un humain mais précise que quelques phrases sont écrites par une IA, ce qui est évidemment faux. Je suis donc un peu dubitatif sur la manière de présenter les résultats, trop confus. Pour les faux positifs, il a suffi visiblement de deux ou trois phrases identifiées avec « High AI impact » pour pénaliser la totalité de mes textes. Je trouve cela un peu trop radical, même si l’outil indique que l’indice de confiance est faible.
Bref, je ne suis pas totalement convaincu, mais cela reste tout de même un très bon outil, d’autant plus qu’il donne également accès au contrôle de plagiat et offre la possibilité d’améliorer sa rédaction avec des conseils pour reformuler chaque phrase suspecte.
Url : https://gptzero.me/
Originality AI
Enfin, vient Originality AI. À vrai dire, c’est le détecteur d’IA qui connaît le plus de hype sur les réseaux sociaux et les sites de listings. Mais qu’en est-il réellement ? J’ai payé 19,95 $ pour le savoir, et attention, c’est du lourd.
Pour ce tarif, j’ai donc accès, en plus du détecteur d’IA, à un vérificateur de plagiat et un test de lisibilité. J’ai commencé à passer mes textes IA à la détection : 100 % des contenus créés par IA sont identifiés. Mais pour les autres… c’est l’énorme douche froide : 50 % de faux positifs ! Autrement dit, Originality « accuse » à tort la majorité des textes écrits par des humains, du moins pour ce qui est de son modèle multilingue (censé fonctionner avec les textes en français). C’en est presque risible, et c’est à se demander s’il y a vraiment un algorithme derrière cet outil.
J’étais tellement surpris d’un tel taux d’erreur que j’ai contacté le support pour obtenir une explication. On m’a répondu que leur détecteur est « hyper sensible », y compris au point d’identifier comme IA des textes traduits par Deepl ou Google Translate. Ce à quoi j’ai rétorqué : « Oui, mais là ce n’est pas le cas, car je les ai écrits moi-même… ». On me répond que j’ai peut-être utilisé un outil de reformulation… Face à tant de mauvaise foi, j’ai préféré abandonner la discussion.
Bref, pour vous expliquer le délire marketing autour des détecteurs d’IA : la seule donnée mise en avant est le taux de détection, et pour atteindre les 100 % et être sûr de ne rien laisser passer, certains services mettent le curseur trop haut, au détriment de la justesse du résultat. En fouillant un peu sur leur blog, surprise, ils reconnaissent eux-mêmes que les textes formels ou académiques peuvent être considérés comme du contenu IA car ils suivent une structure similaire. Il est même précisé qu’Originality n’est pas pour les étudiants.
J’avoue avoir du mal à comprendre comment ce service peut se retrouver promu en tête de liste sur de gros sites, ou justement si, je comprends que trop bien… C’est d’ailleurs tout le malheur d’Internet et de ses articles sponsorisés qui pullulent. Nous retrouvons malheureusement beaucoup d’avis biaisés qui servent les intérêts de celui qui sort le plus gros chéquier. C’est certainement le cas d’Originality AI, je ne vois pas d’autres explications.
Url : https://originality.ai/
Voilà le compte rendu de mes tests, j’espère avoir été le plus objectif possible et qu’il servira au plus grand nombre pour scanner vos textes. La moralité est qu’il ne faut pas nécessairement payer pour avoir un détecteur IA de qualité, puisque selon mon expérience, Waizz et Quillbot sont très bons et surtout entièrement gratuits. Si vous souhaitez des analyses vraiment poussées, alors dans ce cas préférez Winston AI qui offre un bon rapport qualité/prix et des options supplémentaires qui peuvent être très utiles.
Questions utiles
Tous les détecteurs d’IA fonctionnent-ils avec le français ?
Clairement non. Un outil de détection de contenu généré par intelligence artificielle qui fonctionne en anglais ne fonctionne pas avec des textes en français et aura tendance à afficher un score d’humanité de 100 %, comme c’est le cas avec Sapling. Il est donc inutile de les utiliser puisque les résultats ne seront pas pertinents.
Comment fonctionnent les détecteurs d’intelligence artificielle ?
Les grands modèles de traitement automatique du langage naturel (NLP), comme GPT, Gemini ou Claude, ont souvent des marqueurs très forts : mots et expressions sur-utilisés, structures de phrases répétitives et similaires, plans d’articles, etc. Ils utilisent souvent des mots complexes ou peu courants chez les humains. Cela rend finalement relativement aisé l’identification des textes rédigés par ces modèles.
Peut-on contourner les outils de détection d’IA ?
C’est possible à condition d’effectuer un travail important de réécriture pour redonner des caractéristiques plus humaines. Vous pouvez aussi utiliser des « humanizers » pour humaniser les textes automatiquement. Mais attention, très peu sont fiables et se contentent d’ajouter des fautes d’orthographe ou de grammaire, ou bien reformulent les textes de manière simpliste, ce qui rend les textes inexploitables.
Faut-il utiliser des textes identifiés comme générés par IA ?
Il vaut mieux éviter, surtout s’il s’agit d’un travail académique/professionnel. Sinon, assurez-vous qu’au moins un détecteur d’IA réputé considère votre texte comme original avant de le soumettre et de pouvoir justifier son originalité. Le mieux est d’être le plus transparent et honnête possible sur la provenance des écrits que vous soumettez, et d’éviter de tricher.
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